J’aimerais vous narrer la belle histoire du corbillard :

Au-delà du mythe

Du latin Corvus, corbeau… Dans la pensée syncrétique mauriennaise des XX^e et XXI^e siècles, le Corbeau (Corvus corax L.) est associé au messager des dieux. Il est censé voler les pattes vers le ciel en offrande aux habitants célestes (et lui éviter accessoirement de sombrer dans la neurasthénie en risquant un œil sur la misère de la vallée - vallée glaciaire en U, bien caractéristique, du reste, au dire des géomorphologues gratianopolitains). En franchissant les cols qui limitent la Maurienne au nord, le corbeau était censé se rétablir et disperser l’abondance et la félicité sur la vallée de l’Isère. Les Mauriennais pensent que le Corbeau emporte les âmes vers des contrées meilleures (Tarentaise, Bresse, Bas-Bugey), le jardin des Daines [1]… La métaphore du véhicule spirituel - le corbeau - et du véhicule terrestre - le tombereau, puis l’ambulance de l’hôpital (en y accolant un jeu de boules ou de billes plutôt, des queues, du bleu et un triangle) - et enfin le véhicule des chaussures noires, fut ainsi bâtie d’années en années dans l’imaginaire de ces populations à qui l’on accolerait aujourd’hui la très politiquement correcte épithète de premières (épithète que non, finalement !). On est ainsi bien loin des approximations étymologiques qui péremptoiraient (ben oui, pourquoi ne pas risquer un néologisme !) que le funèbre attelage tirait son nom des coches crêpés descendant la Seine depuis Corbeil ! On rappellera que le blason originel de la Maurienne représentait un oiseau sur le dos au-dessus d’une tour ruinée et que le blason actuel où l’oiseau est debout et la tour restaurée n’est qu’une tentative récente de quelque sourcilleux riverain de l’Arc pour le redorer…

Le blason originel de la Maurienne

Au début du XXI^e siècle, une forte émigration de Mauriennais en recherche d’emploi (la vallée était ravagée par les tremblements de terre, tsunamis, avalanches, en proie aux guerres tribales apportant disette et dénuement) s’est constituée vers le Royaume-Uni. Reprenant leur costume traditionnel de ramoneur fuligineux, les expatriés ont alors initié un juteux commerce en tant qu’émules de Charon. Malheureusement, le caractère quelque peu péninsulaire de ces apatrides alpinogéniques les a conduits maintes fois aux frontières du lobbying et des clans mafieux.

L’enlèvement aux funérailles (W.-A. Motart)

On peut voir sur ce cliché, les Forces de l’ordre de la Souveraine mal graissée [2] Elizabeth d’œufs réquisitionner manu militari l’outil de travail d’un moderne nocher mauriennais accusé de malversation. On notera que la souveraine s’est constitué des escadrons d’intervention fort bien régis ! On n’omettra pas non plus de signaler que ledit corbillard ira certainement rejoindre d’autres véhicules en infraction à Notre-Drame de Fourrière.

Notre Drame de Fourrière

Joyeœufses Pâques avec ce tisonnier intellectuel qu’est l’humour…

Merci à Éric Buttard, Mauriennais mais aussi redoutable humoriste qui m’a inspiré cet article pour Pâques 2009 par son merveillœufs à-propos !